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Le
vernis au tampon
Le vernis
au tampon doit son appellation, comme son
nom l'indique, à l'usage de "tampons"
constitués de divers tissus. Ces
derniers, au cours des différentes
phases du vernissage, sont imprégnés de
plusieurs produits.
Pour un vernissage au tampon, certaines
conditions s'imposent :
- un local exempt de poussière et tempéré
(+ ou - 20°),
- des produits de qualité, le vernis
utilisé en restauration de mobilier est
le vernis gomme laque provenant de la sécrétion
d'un insecte femelle appelé la
cochenille (poux collant) et le copal (principalement
pour les tournages) provenant d'une résine
naturelle. La préparation s'effectue par
dissolution de la gomme laque dans de l'alcool
à 95°. environ 150 à 200 grammes dans
un litre d'alcool. Ce vernis existe sur
les sièges depuis la fin du XVIII
ème siècle.
La préparation est la même pour le
vernis au tampon.
- une bonne préparation du meuble (massif
ou marqueté) : pas de défaut de l'état
de surface. Le ponçage doit être très
poussé comme pour la finition cirée. L'idéal
est de finir au papier 600 après avoir
passé toutes les graduations en
mouillant entre chaque afin de faire
relever le grain.
Dans certains cas, l'opération préliminaire
consiste à huiler modérément le bois,
ce qui donne un ton plus soutenu au
veinage. Cela permet également de
faciliter le travail du vernisseur. Cette
pratique a l'inconvénient de transformer
le ton naturel du bois.
La première opération consiste en un
remplissage des pores du bois par une espèce
de boue obtenue en saupoudrant la surface
à vernir de pierre ponce très fine et
en la travaillant avec un tampon que l'on
aura imbibé d'alcool.
Le rôle de l'alcool est d'entraîner la
ponce dans les pores du bois, l'alcool
ayant un pouvoir important de pénétration
par capillarité.
Il est indispensable de ne pas trop
mouiller d'alcool, car un dessus à
placage fin pourrait se cloquer. Pour un
résultat final correct du remplissage,
on aura soin de laisser sécher
relativement souvent avant de renouveler
l'opération. Le bouchage répétitif des
pores peut sembler fastidieux mais est le
garant d'un vernis de qualité.
Lorsque le remplissage est achevé, l'aspect
du bois est coloré, et déjà légèrement
brillant. A ce stade, on incorpore dans
un autre tampon un mélange d'alcool et
de vernis (gomme laque naturelle pure décirée).
Le vernissage proprement dit commence
alors par des mouvements amples et appuyés
en forme de cercles et de huit, en ayant
soin de ne pas insister plusieurs fois au
même endroit, ce qui aurait pour effet
de "brûler" le vernis.
Le tampon doit être humide, mais sans
excès, de sorte que le vernis ne coule
pas sur le bois.
La pression exercée sur le tampon a pour
but de faire sortir le vernis, ce qui
oblige le vernisseur à accentuer celle-ci
pour régulariser l'écoulement.
Avant qu'il n'y ait plus de dépôt de
vernis, il convient de recharger son
tampon de gomme-laque.
Si le tampon a tendance à coller sur le
vernis, cela peut entraîner une trace très
difficile à éliminer. C'est cet inconvénient
qui incite le vernisseur à déposer une
goutte d'huile de vaseline sur le tampon.
L'adjonction d'huile doit être bien dosée,
car l'excès aurait un effet néfaste :
un brillant artificiel apparaîtrait
rapidement, et le tampon se gorgeant d'huile
glisserait dessus sans déposer de vernis.
Petit à petit, on réduit la proportion
de vernis pour terminer avec un tampon
humide d'alcool afin d'éliminer les
surplus d'huile et égaliser les traces
de tampon. L'ensemble de ces opérations,
après au moins quarante huit heures de séchage,
doit être renouvelé.
Pour un vernis de qualité, ce
renouvellement se fera au moins trois ou
quatre fois.
A la suite du vernissage, ou "recharge",
"l'éclaircissage" peut
commencer. Le but est d'éliminer les
traces d'huile qui sont remontées à la
surface. Pour ce faire, il convient de
prendre un tampon neuf, de l'humecter légèrement
d'alcool sur toute la partie qui sera en
contact avec le vernis, et de passer ce
tampon rapidement comme pour essuyer le
meuble en formant des cercles et des huit.
Il faut éviter l'éclaircissage avec des
popotes blanches, car elles peuvent
laisser des dépôts blancs dans les
fonds de moulures et de sculptures.
Si la proportion d'alcool est trop
importante, le tampon aura tendance à
arracher du vernis, et le travail complet
serait à refaire. Il en serait de même
avec un tampon passé trop lentement.
Au fur et à mesure des différents
passages, les traces d'huile
disparaissent, et l'on termine en menant
le tampon en longueur dans le sens des
fils du bois.
Le vernis au tampon est alors terminé.
Il restera toujours d'une nature fragile.
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